Ce colloque vise à interroger la place de l’artiste / artisan à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne dans divers contextes sociaux, en particulier à la ville et / ou à la cour, au sein des corporations et / ou dans l’hôtel du prince. Un certain nombre d’artistes ont répondu à des commandes dans ces deux sphères habituellement jugées distinctes, tels Jean Fouquet, Rogier van der Weyden, Albrecht Dürer, Hans Plock, Jacques Jordaens et Bernard van Orley, pour n’en nommer que quelques-uns. Certains artistes travaillant pour le prince ne détenaient qu’un titre honorifique et leur rattachement à la cour n’était qu’épisodique.
Aux yeux des organisateurs de ce colloque, le moment semble opportun de questionner l’hypothèse centrale du livre de Martin Warnke (Hofkünstler. Zur Vorgeschichte des modernen Künstlers, Cologne, 1985/1996), qui situe l’origine de l’autonomisation de la conscience artistique non dans le cadre corporatif de la ville, générateur de contraintes, mais plutôt au sein de la cour, grâce à la position privilégiée occupée par l’artiste auprès du prince dès les xiiie et xive siècles. Au regard des recherches menées depuis une trentaine d’années, est-il justifié, aujourd’hui, d’opposer de manière aussi tranchée le monde urbain et la cour, les deux terrains de prédilection du formidable développement artistique qui caractérise l’Europe occidentale durant cette longue période (1300-1600) ?
Les points suivants semblent pertinents pour la discussion et pourront faire l’objet de communications. D’autres suggestions sont les bienvenues :
- Quelles sont les différentes acceptions que recouvre la notion d’artiste de cour ?
- Quels médias étaient pratiqués par les artistes de cour et comment ceux-ci étaient-ils désignés (orfèvre, peintre, enlumineur, tapissier, brodeur, sculpteur, architecte « du roi », « garde-joyaux », « valet de chambre », etc.) ?
- Comment les artistes/artisans négociaient-ils leur poste au sein de la maison du prince ? Quelles conditions pouvaient paraître les plus avantageuses (salaires annuels, journaliers, indépendance vis-à-vis des règlements de corporations, libre choix du lieu de résidence) ?
- Pourquoi certaines villes comme Bruxelles, Louvain ou Nuremberg ont-elles engagé, à certaines époques, un peintre ou un architecte officiel et quels rôles étaient dévolus à ces artistes ?
- Le statut des artistes a-t-il une incidence sur les œuvres produites ? Est-il possible de distinguer les œuvres d’art produites pour la cour de celles réalisées dans le cadre des corporations ? La notion d’ « art de cour » est-elle pertinente au regard du statut des artistes ou s’agit-il d’un concept fondé uniquement sur des critères liés à la commande ?
- Les artistes de cour jouissaient-ils d’une liberté plus grande que les membres des corporations ? Avaient-ils davantage la possibilité d’expérimenter et d’introduire de nouveaux thèmes et de nouveaux styles ?
- Quel est le lien entre le statut social de l’artiste et la création ? Comment évaluer les hypothèses émises à ce sujet par différents historiens de l’art à l’aune des recherches d’archives ?
- Que savons-nous des artistes itinérants se déplaçant de ville en ville et de cour en cour ? Comment s’exerçait le jeu des recommandations ?
La période couverte par le colloque est la fin du Moyen Âge et le début de l’époque moderne, de 1300 environ à 1600. Les aires géographiques concernées sont la France, l’Empire germanique et les anciens Pays-Bas, mais d’autres régions de l’Europe occidentale peuvent également être prises en compte.
Les propositions de communications peuvent être adressés aux deux organisateurs (eichber1@uni-trier.de et philippe.lorentz@paris-sorbonne.fr), sous la forme d’un résumé de deux pages pour une communication de 30 minutes (une ou deux pages maximum), accompagné d’un bref CV indiquant le rattachement institutionnel et comprenant une liste de cinq publications maximum jusqu’au 31 juillet 2013.
Les frais de déplacement et d’hôtel seront couverts par l’organisation du colloque. Les meilleures contributions seront publiées dans un volume d’actes.
Le colloque aura lieu à Paris, galerie Colbert, Centre André Chastel, du 19 au 21 juin 2014.
Les langues du colloque sont le français, l’anglais et l’allemand.
Ce colloque fait partie du Labex EHNE (Écrire une histoire nouvelle de l’Europe) et du programme de recherche TAK-SHARC, dirigé par le professeur Andreas Tacke,http://www.uni-trier.de/index.php?id=28117.
Comité scientifique
Madame Dagmar Eichberger, professeur à l’université de Trèves (Allemagne),
Monsieur Philippe Lorentz, professeur à l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV),
Monsieur Dany Sandron, professeur à l’université de Paris-Sorbonne (Paris IV),
Monsieur Andreas Tacke, professeur à l’université de Trèves.
English Version
This conference aims at investigating the role of the Early Modern artist/ artisan in different social environments, especially the court and the city, the princely household and the guild system. Many artists/ artisans attracted commissions from both camps such as Jean Fouquet, Rogier van der Weyden, Albrecht Dürer, Hans Plock, Jacques Jordaens and Bernard van Orley, to name only a few. Some artists held an honorary title and were thus only loosely attached to the court.
The proposed conference will equally address historiographical questions such as to the changing perception and evaluation of the artistic milieu under discussion. At this point in time, it seems pertinent to take a critical look at the central hypothesis in Martin Warnke’s 1985/1996 monograph Hofkünstler. Zur Vorgeschichte desmodernen Künstlers / The Court Artist. On the Ancestry of the Modern Artist [1993]. This study argues that early modern artists could only develop fresh ideas and new modes of expression in the context of the court due to the privileges they enjoyed from the 13th/14th centuries onwards. The corporate guild system is understood as a body exerting restrictive measures that stifled artistic creativity and artistic freedom. In the light of research undertaken over the last 30 years, the question arises whether it is still appropriate to divide the world of artistic production into two distinct parts: the court environment and the civic environment.
The following points are relevant for discussion, further suggestions are welcome :
- By which parameters do we define the role of the court artists ? Which media were represented by court artists and which terminology was developed in order to describe their professional profile (e.g. : jeweler, painter, illuminator, (« tapissier », embroiderer, sculptor, architect, « gardejoyaux », « varlet de chamber », etc.) ?
- How did artists/ artisans negotiate their position within the courtly household ? What mattered to them most (e.g. : annual/daily pay, freedom from guild regulations, free choice of residence) ?
- Why did some cities such as Brussels, Leuven or Nuremberg temporarily appoint an official painter or architect and what was their primary role and/or function ?
- Does the status of the artist have an impact onto the individual works of art? Is it possible to distinguish art works that were made for the court from those that were produced within the guild system? Is the notion of « court art » linked to the status of the artist or is it an independent construct based on ideas of patronage?
- Did court artists have more artistic freedom than guild members? Did court artists have more room to experiment and introduce new topics and styles?
- How was the interrelationship between social status and creative output interpreted in art historical discourse (Warnke, Antal, etc.) and in how far do these hypotheses stand up to archival research?
- What do we know about the itinerant artist, moving from one city to another or from one court to another? Which mechanisms were in place to guarantee new employment far away from home (e.g.: letters of recommendation, trial piece, etc.)?
The time frame covered by this project is the late Medieval and Early Modern period ranging from c. 1300 to 1600. The conference concentrates on the former Holy Roman Empire, France and the Netherlands, but may also extend to other geographical areas.
CIVIC ARTISTS AND COURT ARTISTS (1300-1600). Case Studies and Conceptual Ideas about the Status, Tasks and the Working Conditions of Artists and Artisans / DER STÄDTISCHE KÜNSTLER UND DER HOFKÜNSTLER (1300-1600). Das Individuum im Spannungsfeld zwischen Theorie und Praxis.
Deadline for submissions : 15 July, 2013
Conference location : Paris, Centre André Chastel, INHA
Conference date : 19 – 21 June 2014
Conference languages : English, French, German.
Conference organizers: Prof. Dr. Philippe Lorentz, Paris-Sorbonne & EPHE / Prof. Dr. Dagmar Eichberger, Universität Trier, FB III Kunstgeschichte & ERC TAK/ SHARK.
PROPOSAL FOR PAPERS WILL BE ACCEPTED until 15 July 2013. Please send your proposal to both organizers:
eichber1@uni-trier.de and philippe.lorentz@paris-sorbonne.fr
Submissions should consist of a concise proposal suitable for a 30-minutes presentation (max. 1-2 pages), and a short CV with the
applicant’s affiliation as well as list of up to five publications. The organizers will apply for funding to cover travel costs and
accommodation. The organizers envisage publishing the best contributions in an edited volume. This conference forms part of the
Trier research initiative TAK-SHARC, a research project under the leadership of Prof. Dr. Dr. Andreas Tacke.
Prof. Dr. Dagmar Eichberger: eichber1@uni-trier.de
Prof. Dr. Philippe Lorentz: philippe.lorentz@paris-sorbonne.fr
Reacties zijn gesloten.